Roulons sous la pluie : l'équipement

Le motard est comme un chat, il n'aime pas trop se mouiller. Certains font exception à la règle, mais dans la plupart des cas, nous préférons éviter. Mais contrairement à nos amis félins, nous avons les moyens techniques de nous préserver. La conduite sous la pluie restera toujours plus délicate, même si les pneus ont fait de vrais progrès et que les outils de gestion électronique peuvent être salvateurs, un regain de précautions est toujours à prendre. 

En observant l'horizon, on se prépare mieux à ce qui arrive.

Pour gérer au mieux l'aspect conduite et pilotage, si vous-même restez au sec et relativement au chaud, votre gain de concentration n'en sera que plus important, augmentant ainsi votre marge de sécurité. Je vous propose de faire un petit topo de l'équipement ad hoc des pieds à la tête, pour affronter au mieux les situations pluvieuses ou orageuses.

Les pieds, non palmés

On ne tergiverse pas, ce seront des bottes : un modèle qui montent jusqu'a mi-mollet, avec une membrane étanche, et porter sous le pantalon ou le surpantalon. On évite ainsi les infiltrations d'eau aux chevilles des baskets montantes. 

Sous la pluie, rien ne vaut une bonne paire de bottes montantes étanches.

A l'usage, on évite aussi les surbottes ou les sacs poubelles qui glissent sur les reposes-pieds. Ne négligez pas vos pieds, les extrémités sont sensibles et peuvent vraiment vous pourrir un voyage! En complément des bottes étanches, je vous conseille des chaussettes étanches (et montantes). C'est un accessoire vraiment efficace, ça tient bien chaud, et si vous finissez par avoir une infiltration par le haut de la botte ou en cas de semelle usée ou décollée, vous restez au sec, un régal de luxe!

La chaussette étanche, et chaude, par Ver Jari, un must

Les jambes

Pantalon étanche, via une membrane laminée de préférence (Goretex, Sympatex, Drystar, D-Dry, etc) plutôt qu'une doublure amovible qui vous oblige à jongler avec les épaisseurs, les arrêts en urgences sur le bord de la route à l'arrache, etc... Soyez attentifs à la longueur des jambes, car les pantalons ont tendance à pas mal remonter quand on est en position de conduite, ce qui peut faire une brèche entre la bottes et le bas de pantalon.

Surpantalon Spidi H2O Out, léger, peu encombrant, à passer via les zips latéraux sans enlever les bottes = une référence.

Pour des distances plus courtes ou des pluies moins denses, les revêtements imperméables restent performants. Exemple testé et approuvé : jean RevIt, ou usage du produit imperméabilisant GS27, au moins 1h serein même sous forte pluie. 

Jean "étanche", ou plutôt très imperméable, agréable surprise.

En option petit budget, un surpantalon peut faire l'affaire, même s'il n'est pas dédié à la moto. Mais soyez vigilants lors du choix, les matériaux peuvent devenir très glissants sur la selle mouillée.

En complément, un produit imperméabilisant donne de très bons résultats.

Le haut du corps

Un peu dans la même idée que pour le pantalon, préférez un blouson équipé d'une membrane étanche laminée. C'est souvent plus cher, mais c'est aussi plus pratique. Même si ajouter ou enlever une doublure dans le blouson au bord de la route est plus simple qu'un pantalon, mais s'il pleut déjà averse, vous allez vous rincer au moment de vous changer. De la même manière que pour la longueur de jambes, la longueur des manches est importante, vous devez assurer une bonne jonction avec les gants. A l'essayage, pensez-y et tester l'ensemble en position de conduite sur la moto (même si c'est à l'arrêt). 

Dainese Carve Master 2 Lady, parfait dans le genre: ajusté, étanche, chaud, ventilé, et matériau haute technologie.

Toujours concernant le haut du corps et avant de passer à la tête, soignez également votre cou. Choisissez un blouson qui propose un bon ajustement du col pour éviter les entrées d'eau. 

Même si ma préférence va aux équipements en cuir, pour un trajet un peu long sur lequel vous êtes certains de vous faire doucher, préférez un textile. Il va sécher plus vite, il ne va pas s'abîmer, et il sera moins lourd à porter une fois mouillé. Avec les derniers matériaux et une coupe ajustée, vous aurez un très bon niveau de protection.

Les gants

Au même titre que les pieds, les extrémités étant sensibles, soyez attentifs à la protection de vos mains et de vos doigts. Passer un certain cap de température, et pas seulement celle du thermomètre mais surtout celle du "ressenti", vous pourriez ne plus arriver à sentir les commandes et avoir des difficultés à freiner en urgence par exemple. Il me semble impératif d'avoir une paire étanche à 100%, pas juste imperméable, en bon état qui ne présente pas de fuite à une couture ou autre et qui possède une manchette réglable suffisamment longue pour recouvrir le poignet et le serrer. Côté port, vous pouvez opter de les porter sous les manches du blouson, pour éviter de les remplir d'eau par ruissellement! Ce choix est à tester en fonction de votre modèle de gants et/ou de blousons.

Gants qui intègrent une membrane étanche Sympatex très efficace, et possèdent une raclette au pouce gauche.

Je déconseille vivement l'usage de sur-gants, ou de sacs poubelles, qui nuisent à la préhension des commandes. En urgence si vous n'avez que ça, pourquoi pas, mais ça reste un mode dégradé. Si vous avez eu des infiltrations par les manches, l'intérieur d'un gant étant assez long à sécher à l'air libre, je vous conseille d'avoir toujours avec vous quelques gants en latex ou vinyle, ou bien récupérer une paire de gants plastique de station service, qui couperont au moins de l'humidité direct et donc une partie du froid. 

Sur la moto, un accessoire qui peut s'avérer utile pour limiter les projections d'eau sur les mains sont les protèges-mains. Sur les motos sportives, l'étude de l'aérodynamisme fait souvent que les projections sur les mains sont limitées.

Contre le vent et la pluie, une paire de protèges-mains peut servir

Et la tête alouette ?

Au même titre que les gants, le casque est obligatoire. Mais pour affronter les conditions moins estivales, il faudra faire une sélection plus drastique. Optez pour un intégral ou un modulable de qualité. Votre casque doit être vraiment étanche, il n'est pas question d'avoir des infiltrations d'eau à ce niveau. Dans les conditions humides, pensez à fermer une partie de vos aérations pour ne pas vous noyer. Sachez que les joints de l'écran s'entretiennent, grâce à une huile silicone, pour qu'ils conservent leur souplesse sans craqueler avec le temps. 

Ce type de flacon contenant du silicone est fourni avec les casques neufs et parfois les écrans de rechange.

Autre information souvent ignorée, n'oubliez pas qu'un écran se règle. Si si je vous assure, sur la majorité des modèles, vous avez des vis de réglages de position de platines qui garantissent que l'écran est bien plaqué au joint sur toute la circonférence. En cas de doute, n'hésitez pas à solliciter votre revendeur.

Vis de réglages de platines pour que l'écran plaque parfaitement le joint d'étanchéité.

Côté accessoire, vous pouvez ajouter un écran "Pinlock" à l'intérieur. La plupart des modèles le propose de série, ou à minima les écrans sont prévus avec les ergots supports. Si en plein été ou sur circuit je les déconseille (reflet intérieur, déformations), sur route dans l'immense majorité des cas c'est un vrai bénéfice. Pourquoi ? Parce que c'est le zéro buée garanti, même à basse vitesse et l'écran fermé, l'essayer c'est l'adopter.

Ecran pinlock intérieur, un accessoire indispensable pour rouler sur route dans toutes les conditions.

Autre astuce, qui améliore bien les conditions de roulage: l'usage de déperlant sur l'extérieur de l'écran. Les gouttes s'évacueront d'elles-mêmes avec la vitesse du vent, sans traces, et vous n'aurez plus besoin de les essuyer avec la mini raclette que certains gants hiver possèdent. Les avantages sont multiples: c'est instantané, vous n'avez plus à lâcher le guidon toutes les 45 secondes, et ça ne raye pas votre écran.

Déperlant écran - à moins de 10€ le flacon, ne faîtes pas l'impasse

Accessoire pour nos cous, la cagoule ou le tour du cou. Pour commencer, prévoyez d'en avoir un de rechange. Choisissez-les fins mais coupe-vent et avec une bonne capacité d'isolation thermique. Les marques Buff et Rev It proposent des produits aboutis (forme, confort, matériau) et durables dans le temps.

La sur-combinaison intégrale, solution miracle ?

Quel motard n'en a jamais eu ? Il est vrai que ça dépanne vraiment, c'est une solution économique qui couvre une bonne partie du corps et il en existe des performantes. Mais elles obligent à s'arrêter (abris-bus, pont, etc) et se contorsionner tant bien que mal pour finir fagoter en simili sac poubelle géant. La qualité des matériaux est aussi moindre qu'un équipement dédié, souvent très plastique, la poussière et le sable contenu dans l'eau de pluie a vite fait de rester sur la combinaison et de rayer la peinture du réservoir par exemple.

Le mot de la fin

"Waterproof" ou "Goretex", deux caractéristiques qui font grimper la facture.

Concrètement, sans se mentir, le label "étanche" a toujours un coût. Mais par expérience, à la première saucée vous serez heureux de rester au sec et l'ensemble vous paraîtra déjà amorti. En choisissant des équipements de qualité, ils dureront aussi dans le temps (sous réserve de chutes, et de modifications de régimes alimentaires!). Dernier petit point, dans votre super assortiment "waterproof", en position de conduite et en roulant tout se passe bien. Mais au moment de s'arrêter, au stop ou au feu, le changement de posture peut amener une rupture de ladite étanchéité. 

En résumé : éviter de danser la macarena au feu tricolore pour vous remonter le moral, vous risqueriez surtout de récolter de l'eau froide dans les poignets et dans le cou. Mais surtout apprenez la pluie, vous n'êtes pas en sucre, et restez prudents !

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