Fashion
Les modèles néo-rétros ont le vent en poupe, chaque constructeur y va de son modèle pour se placer sur le segment. Après des restrictions d'usage de plus en plus importantes et un trafic toujours plus dense, comme déjà évoqué ici, 2020 sera placé sous le signe - en dehors du Covid - des fausses anciennes. Kawasaki n'échappe pas à cette règle, et je cède moi-même à cette tendance avec l'essai de cette Z900 RS.
L'habit ne fait pas le moine
Voilà deux ans que la Kawasaki Z900 RS est sortie. Elle se veut l'héritière de la 900 Z1, sportive des années 1970 dépassant les 80 ch, mais qu'en est-il vraiment?
La dernière moto que j'ai essayé était aussi une néo-rétro, la Suzuki Katana. Mais à part dire qu'elles sont toutes les deux inspirées d'un modèle plus ancien, la comparaison s'arrête là. En clair, la Katana est une GSX-R au moteur assagi, et au look eighties. Son moteur rageur et son châssis sportif vous encourage à ouvrir les gaz et enfiler les courbes comme sur un rail, en recherche de sensations de performance à vous coller les rétines au fond du casque : pas avec la RS.
Avec la fabrication de cette petite dernière née, la philosophie de Kawasaki est toute autre.
Son look est particulièrement rétro, avec ses formes arrondies et ses courbes d'époque, le tout donnant un résultat compact au vu de la cylindrée et une assise assez étroite une fois en selle. En fonction des coloris qu'elle arbore, cette Z900 RS dégage différentes impressions :
- une pure rétro 70's modernisée, dans ses livrées Marron/Candytone et Vert New Metallic (essayée ici)
- un roadster sage et discret, passe partout en Noir Metallic Diablo ou en Gris Metallic Graphite
- une moderne rétro, en Vert Metallic Matte
Cette sensation n'est pas qu'une histoire de coloris de peinture mais aussi de finition. Les jantes des modèles historiques ont les bords polis pour rappeler les jantes à rayons, et certains coloris plus foncés arborent plus de pièces noires qu'argent (supports de garde-boue avant, écopes de radiateur, guidon).
Le coffre du 948 cc
Le bloc moteur issu du roadster Z900 est un poil assagi, pour atteindre 111 ch au vilebrequin, et 9,1 mkg. Ici pas de fougue, pas de rage, ça répond quand il faut et comme il faut; le tout assisté par un traction control (réglable sur 2 positions et déconnectable), toujours prêt à calmer vos potentiels excès d'optimismes. Je dis "potentiel" car ce n'est pas à son guidon que vous aurez envie d'essorer la poignée.
L'agrément à mi-régime est tel que vous pourrez vous surprendre à chercher à la 7ème alors que vous cruisez en 6ème. La boîte de vitesses est d'une onctuosité et d'une précision comme j'ai rarement eu. A son bord, le meilleur se passe entre 4000 à 7000 trs/min, soit le régime le plus utilisé sur route, ce qui explique son succès.
Bien sûr, on parle d'un 4 cylindres en ligne et du comportement qui va avec: c'est-à-dire un moteur très lisse, doux, prévenant, qui ne martèle pas, ne vibre pas, ne tracte pas comme peut le faire un gros twin. Sa, désormais classique, alimentation par injection lui confère un retour très prévenant, certains pourraient dire "ennuyeux", quand on se souvient des sensations qu'offraient une rampe de carburateurs il y a une vingtaine d'années! (NB : Certains ont relevé des a-coups d'injection, ce n'est pas mon cas, surtout en comparaison avec les premières générations de Yamaha MT-09.)
Sur les 17L possible, ça laisse le temps de trouver la pompe! |
Le gain de l'injection est aujourd'hui réel, entre la régularité des réglages en fonction des saisons/altitude/météo et la consommation. Avec ses 17L embarqués, on peut partir sereinement pour 280 kms avant de revoir le pompiste, indicateur d'autonomie - fiable - à l'appui!
Son éducation
Comment cette RS se comporte t-elle en société ? Sur le bitume, quand on compte sur elle: nous fait-elle faux bond ou bien assure t-elle le coup ?
- Freinage : la version d'essai, avec moins de 300 kms au compteur manquait de mordant, mais pas de puissance ni de feeling. Le train avant permet d'entrer en virage avec du freinage dégressif, sans qu'il faille forcer ou qu'elle se redresse, c'est un ré-gal. Elle est également dotée d'un ABS, que je n'ai pas senti agir au cours de mon essai.
Freinage radial et ABS (non déconnectable)
- Amortissement : Réglable à l'avant et à l'arrière en précontrainte, détente et compression, la fourche dans un usage classique ne souffre d'aucune critique. L'amortisseur arrière montre quelques limites, il est correct en confort mais manque de précision.
- Pneumatiques : Les Dunlop Sportmax GPR 300 montés d'origine peuvent s'avérer long à chauffer et peu enclin à mettre en confiance. Je n'ai pas eu l'occasion de les tester sous la pluie, cependant même sur le sec, le changement pour des modèles plus éprouvés sera un gain notable sur cette machine.
- Position : Du haut de mon mètre soixante seize, j'ai rarement de problèmes sur les routières ou les sportives. Néanmoins, bien que l'assise de la Z900 RS soit fine, elle reste bien haute : 835 mm. Je comprends pourquoi Kawasaki a sorti en option une selle rabaissée de 35 mm. Cette option n'aura pas pour seule fonction de vous sentir plus à l'aise dans les manœuvres à basse vitesse, elle sera aussi un gain en terme de centre de gravité, d'aérodynamisme et, plus subjectivement, de look. Il resterait à voir si les angles hanches et genoux restent confortables. NB: La selle de la version "Café" est plus basse de 15mm.
Côté position du guidon, il n'est pas simple de se prononcer car mon avis est forcément biaisé par les longues années en guidons-bracelets. Alors oui, je trouve le guidon trop haut, beaucoup trop haut. Mais ce qu'il faut surtout étudier c'est le delta entre l'assise et le guidon, qui est plus élevé que sur la plupart des roadsters, conférant une position très droite sur la RS. NB: Même remarque que pour la selle, la version "Café" se voit doter d'un guidon plus bas et plus cintré.
Résultat : A partir de 110 km/h, le manque de protection se fait ressentir et vous n'avez guère envie d'aller plus vite. Oubliez réellement l'autoroute, sauf en dépannage sur un trajet court, inférieur à 50 kilomètres, sous peine de faire un passage chez le kiné à l'arrivée.Selle d'origine très confortable, option proposée à -35 mm
- Poids : affiché à un peu flatteur 215 kgs sur le papier, il se fait oublier dès les premiers tours de roues, imperceptible au roulage avec des changements d'angle d'une grande agilité. Heureusement car à l'arrêt on le sent quand même passer, alors que je l'ai testée le réservoir presque vide. La manœuvrer avec son grand guidon haut est plus simple, le rayon de braquage est excellent, ce n'est pas une difficulté en soi mais un élément à prendre en compte. Ses quelques rondeurs et son embonpoint vous rappellent simplement que vous êtes pas à bord d'un jouet.
Du côté du tableau de bord et des accessoires, pas de fioritures, l'essentiel est là avec une très bonne lisibilité. Les deux cadrans à aiguilles sont parfaits, la partie digitale amène une touche de modernité sans trop en faire. On y retrouve les informations essentielles : trip partiels, jauge, température eau, température air, heure, rapport engagé, etc. Certains voyants tels que le point mort, les clignotants ou l'ABS sont intégrés "à l'ancienne", visibles uniquement quand ils sont actifs. Une commande au pouce vous permet de modifier l'affichage sans avoir à lâcher le guidon.
Concernant l'éclairage, cette Z se voit dotée de LED, pour les phares et les clignotants, un vrai plus en visibilité et fiabilité/longévité.
Base moderne idéale à customiser, pour la garder en réplica d'époque ou en faire un méchant café racer, la Z900 RS s'adresse à différents publics, et elle le fait bien. Bien que son tarif soit un peu élevé, la finition est au rendez-vous, digne d'une sportive moderne haut de gamme.
Maintenant que vous savez tout ça, et que vous avez compris que cette moto m'a plu, je me vais m'acheter une chemise à carreaux et me laisser pousser la barbe!
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